Retrait des troupes au Mali – Fin de l’opération ou véritable commencement ?
Alors que France commence le retrait de son contingent de 4000 hommes stationnés au Mali depuis le début de l’opération, la question de la stabilisation de la région se fait de plus en plus aiguë étant donné la fragilité des forces maliennes. Même si les forces islamistes ont essuyé de nombreuses pertes, en particulier celle d’un de leur chef Abou Zeid, la question de l’après-France reste entière.
Comme prévu, les premiers soldats français présents au Mali sont partis. Le calendrier fixé est donc bien tenu, du moins dans sa première phase. Le spectre d’une intervention interminable dans le style de la 2e guerre du Golfe plane toutefois sur l’opération. En effet, le Président de la République et le Haut Commandement des forces françaises n’avaient jamais prévu de s’éterniser au Mali mais ils ne semblent pas véritablement avoir d’ « exit strategy », de stratégie de sortie viable. Le plan est le suivant : la France va réduire peu à peu ses troupes sur place jusqu’à ne laisser que 1000 soldats à la fin de l’année, soldats qui, Mr Hollande l’espère, seront placés sous la tutelle des Nations Unies dans le cadre d’une mission du maintien de la paix. Entre temps, des soldats Burkinabés ont commencé à remplacer quelques régiments français. Mais il n’existe pas de plan pour remettre le Mali dans le bon sens de la marche.
Car que va devenir le Mali maintenant qu’il a été déstabilisé par des cellules islamistes plusieurs mois durant ? Si celles-ci sont affaiblies, elles n’ont pas disparu pour autant et se cache en attendant de reprendre des forces. Le manque de vision de la part du gouvernement français est criant. Si le maintien de la paix au Mali est un objectif prioritaire, ce n’est qu’une réponse court-termiste aux déstabilisations d’ordre sécuritaire. Mais l’état économique et social du Mali est un vivier pour les factions extrémistes. Ce pays est 182e sur 186 dans la liste des pays rangés selon leur Indice de Développement Humain (0,344). Le salut du Mali passe par une aide urgente à son développement afin que le gouvernement puisse proposer des solutions à toutes les tribus présentes dans le pays et, ainsi, éviter des rébellions susceptibles de déstabiliser toute une région déjà fragile.
Il ne faut pas s’arrêter en route et continuer les efforts jusqu’au bout
Il faut tout de même rendre à César ce qui est à César. Cette intervention au Mali est, jusqu’ici un véritable succès politique pour François Hollande. Les différents observateurs louent unanimement l’action française, et à raison, pour repousser les jihadistes et sauver l’intégrité territoriale du Mali. Toutefois, il ne faudrait pas que ce succès initial enivre le gouvernement. Tant que la situation économique de la région reste aussi faible, ce type d’opérations pourrait très bien se répéter et donc multiplier le risque d’erreur pouvant être fatal à une Afrique subsaharienne encore empêtrée dans ses diverses difficultés politiques. Un plan Marshall adapté et pour toute la région, pas uniquement le Mali, serait le bienvenu afin de permettre, enfin, le décollage rostowien de l’Afrique. Les critiques accusant la France de néocolonialisme fuseront très probablement mais elles sont bien faibles à côté de l’amélioration durable que cela apporterait. En définitive, n’ayons pas peur de croire en l’Afrique.